« Par Toutatis ! » doit jubiler Astérix. « Dattebayo ! » peut lancer le jeune ninja Naruto. « Pas de pitié pour les nazebroques ! » vocifère sûrement Mortelle Adèle. Publiée en amont du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD), qui devait se tenir à partir de ce 27 janvier et a été reporté du 27 au 30 mars prochain, l’étude GfK Market Intelligence montre que la BD talonne désormais la littérature générale en France. L’année dernière, un livre sur quatre vendus était un album de bande dessinée (25 %), contre 18 % en 2020 et seulement 12 % en 2012. En volume, le segment de la BD talonne désormais la littérature générale (24 % des ventes, contre 25 et 22 % pour les livres jeunesse).
Comme une potion magique, la crise sanitaire semble avoir décuplé l’appétit des fans : les ventes de bandes dessinées ont bondi de 60 % pour atteindre 85 millions d’exemplaires, contre 53 millions en 2020. Le chiffre d’affaires a progressé de 50 %, à 890 millions d’euros en 2021, selon des chiffres de l’institut GfK (voir graphiques).
Astérix dope Hachette Livre
Les meilleures ventes de l’année ont été le dernier Astérix, Astérix et le griffon (large leader avec 1,55 million d’exemplaires), suivi d’un tome de la série de manga Naruto (275 000 exemplaires) et d’un autre manga, Demon Slayer (255 000 exemplaires). Dans le top 5, Astérix est la seule création européenne, devant quatre tomes de mangas japonais. Suivent le dernier Blake & Mortimer,Le Dernier Espadon (6e), et les dernières pitreries de Mortelle Adèle, Tout ça finira mal (7e), qui dépassent chacun les 210 000 exemplaires. Pour les éditeurs, les bandes dessinées sont devenues des machines à cash.Ainsi, le carton du dernier Astérix va doper les profits de Hachette Livre, filiale du groupe Lagardère qui doit faire l’objet d’une offre publique d’achat du groupe Vivendi. Astérix et le griffon s’est vendu quatre fois plus que le dernier Prix Goncourt, La Plus Secrète Mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr (378 000 exemplaires). Quant à Naruto, série imaginée par Masashi Kishimoto, elle fait les beaux jours de son éditeur français Kana, filiale du groupe Dargaud qui appartient au groupe Média Participations de Vincent Montagne.
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Le manga tout-puissant
La vraie performance vient du manga, à l’hypercroissance portée par des sagas très populaires comme Naruto, One Piece et Demon Slayer. Un très bon filon pour les éditeurs. Il est le premier segment en valeur, devant la BD de genre. Il s’est vendu en France 47 millions de mangas en 2021, pour un montant de 353 millions d’euros… Les volumes en format japonais pèsent désormais 55 % de toutes les ventes de BD, contre 42 % en 2020. Dattebayo !